En décembre dernier, la Paris Creators Week (PCW) a marqué un tournant pour l’écosystème français de la création de contenu.
Organisé à Station F, le plus grand campus de start-up au monde, l’événement a rassemblé plus de 2 000 participants, 200 créateurs et pas moins de 60 ateliers et tables rondes. Découvrez les clés du succès ici.
Mais au-delà des chiffres, la PCW a surtout été le symbole d’un basculement : celui où la creator economy devient un enjeu stratégique pour les entreprises, des jeunes pousses aux grands groupes du CAC 40. L’événement, initié par Karim, Pierre et Marc (alias Jocariz), a permis de fédérer tout un écosystème – créateurs, communicants, dirigeants, marketeurs, RH, agences et influenceurs.
Notre équipe, la Team Linker, a eu la chance de participer activement, en animant et en intervenant sur plusieurs tables rondes. Les sujets abordés :
la transformation de la communication corporate,
l’évolution des prises de parole des dirigeants sur LinkedIn,
le tremplin LinkedIn pour les entrepreneurs,
le personal branding au service du SEO.
On vous propose aujourd’hui une vision globale et structurée de ces échanges, pour tirer le meilleur des enseignements de cette Paris Creators Week.

LinkedIn : du terrain start-up aux grandes entreprises
D’abord terrain de jeu des start-up et des freelances, LinkedIn est désormais investi par les grands groupes.
Ce changement d’échelle transforme radicalement l’usage de la plateforme.
LinkedIn, d’un outil de niche à un levier stratégique
Il y a encore quelques années, LinkedIn était perçu comme une CVthèque améliorée, principalement utilisée par les recruteurs et les candidats. Peu d’entrepreneurs y voyaient un levier pour développer leur activité.
Tout a changé à partir de 2018-2020, lorsque des start-up et des entrepreneurs, inspirés par les États-Unis, ont commencé à utiliser LinkedIn comme un outil de visibilité, de business et de réseau.
« Je cherchais un levier pour faire grossir ma boîte. J’étais timide, peu porté sur l’outbound, alors j’ai tenté LinkedIn… et ça a vite marché. »
Peu à peu, les PME, agences et TPE ont suivi le mouvement. Aujourd’hui, ce sont les grands groupes qui investissent massivement la plateforme.
L’effet “mastodontes”
Lorsque le CAC 40 ou le SBF 120 s’approprient une tendance, l’impact est massif. Leur poids donne une visibilité et une légitimité accrues à des pratiques qui, jusque-là, semblaient réservées aux innovateurs.
« Quand les grands groupes s’emparent d’un sujet, c’est que l’ensemble de l’économie y travaille déjà depuis longtemps. »
Ce mouvement de fond fait désormais de LinkedIn un canal incontournable de communication et de business.

La communication corporate : sortir du “boring”
La communication corporate a longtemps souffert d’une image négative. Trop institutionnelle, trop lisse, trop validée par des comités de relecture successifs…
Résultat : des messages fades, des communiqués sans relief, et une faible résonance sur les réseaux sociaux.
L’incarnation comme levier clé
Pour redonner de l’impact, un mot revient sans cesse : incarnation.
Ce qui fonctionne :
Un collaborateur qui partage son expérience métier.
Une équipe qui raconte son quotidien.
« La communication corporate ne devient puissante que lorsqu’elle est incarnée. »
Cette incarnation rend le discours crédible, authentique et engageant.
Nous assistons à une hybridation des codes. On ne veut plus du corporate froid et distant, mais on ne souhaite pas non plus du divertissement vide.
Le futur se situe dans un équilibre : sérieux + authenticité + créativité = “corpotainment”.
Des exemples concrets qui inspirent
Salesforce France : l’impact de la vidéo incarnée
La directrice générale, Émilie Sidiqian, a partagé une vidéo incarnée qui a généré plus de 1 000 interactions. L’exemple montre comment un dirigeant peut, par sa voix et son visage, créer un lien direct avec son audience.
KFC x Burger King : l’humour comme arme d’engagement
La campagne “Best Friends Forever”, relayée par les dirigeants et collaborateurs des deux marques, a démontré la puissance d’une communication créative amplifiée par les employés eux-mêmes.
« Ce qui fonctionne ? Des campagnes où les collaborateurs s’approprient et relaient le message. »

Employee Advocacy : de l’UGC au PGC
L’exemple Orange
Orange a lancé son programme Voicer, rassemblant plus de 3 100 collaborateurs ambassadeurs de la marque. Objectif : transformer l’User Generated Content (UGC) en People Generated Content (PGC).
« Mettre en avant les techniciens, les experts, les collaborateurs : voilà ce qui humanise une marque. »
Ce mouvement dépasse largement la France.
Sur TikTok, les salariés créent spontanément du contenu autour de leur entreprise.
Aux États-Unis, la Great Resignation a mis en lumière la nécessité de donner la parole aux collaborateurs.
De plus en plus, les services RH eux-mêmes utilisent LinkedIn pour recruter, fidéliser et valoriser leurs équipes.
L’employee advocacy n’est plus un gadget. C’est une stratégie RH, marketing et communication à part entière.

Vers une porosité des discours : la fin des silos traditionnels
Autre enseignement majeur : les frontières entre types de communication s’effacent.
Le discours corporate se mélange aux messages RH.
La communication commerciale s’entrelace avec la marque employeur.
La voix du dirigeant devient à la fois celle de l’entreprise et celle d’une personne.
« Le discours corporate se mélange désormais aux dimensions commerciales, RH et employeur. »
Cette porosité peut déstabiliser des organisations habituées aux silos. Mais elle ouvre une chance unique : celle de bâtir une communication globale, cohérente et incarnée.

Conseils pratiques pour dirigeants et créateurs
Les bonnes pratiques à retenir
Durant les tables rondes, plusieurs règles d’or sont revenues avec insistance :
Ne pas vendre directement → privilégier l’apport de valeur.
Partager des expériences concrètes, avec du vrai et pas uniquement des succès.
Être authentique, même dans un secteur technique.
Encourager les collaborateurs à s’exprimer, avec formation et accompagnement.
Incarner une vision : les gens suivent des personnes avant de suivre des marques.
« Les gens suivent des personnes avant de suivre des marques. »
« La vente, c’est de la confiance × un bon timing. Et LinkedIn permet d’être constamment “top of mind” quand le bon moment arrive. »

Conclusion : la communication incarnée, une tendance de fond
La Paris Creators Week a confirmé une tendance de fond : LinkedIn et, plus largement, la communication incarnée ne sont plus des options.
La communication corporate seule n’a plus de portée.
Les entreprises doivent miser sur leurs dirigeants et collaborateurs pour donner vie à leur message.
L’employee advocacy et le personal branding deviennent des piliers de la communication moderne.
Demain, il y aura deux types d’entreprises :
celles qui incarnent leur communication,
et celles qui resteront invisibles.